« Le design n’est pas qu’un métier », affirme Pierre-Yves Rochon. « C’est une façon de voir le monde ».
Le célèbre designer d’intérieur parisien a suivi cette approche tout au long d’une carrière de plus de quatre décennies. En suivant ce principe simple – bien que certainement pas facile –, il a façonné le monde du design intérieur, redéfinissant le concept de vivre avec élégance grâce à sa maîtrise de l’hôtellerie cinq étoiles et du design résidentiel de luxe.
Élevé en Bretagne, sur la côte atlantique escarpée du nord-ouest de la France, Rochon était un artiste né, passionné de musique et de cinéma. Bien que ses rêves de devenir réalisateur aient été anéantis lorsqu’il n’a pas satisfait aux exigences en mathématiques pour entrer à l’Institut des Hautes Études Cinématographiques, il a rapidement découvert une nouvelle passion pour le design intérieur à l’École nationale supérieure des beaux-arts et des arts appliqués de Paris. Là, il a appris à concevoir des espaces un peu comme un cinéaste construit une mise en scène.
En 1979, Rochon a fondé son cabinet éponyme sur cette idée même : concevoir des décors de cinéma permanents. Nulle part son style théâtral ne se révélerait plus saisissant, ou transformateur, que dans l’hôtellerie. « [Mes hôtels sont] des lieux à fort impact dramatique, saisissants et toujours propices aux échanges sociaux », a-t-il déclaré.
Si son tout nouvel hôtel, The Woodward, Auberge Resorts Collection, une oasis urbaine au cœur de Genève conçue en collaboration avec The Bastion Collection, était un film, son titre pourrait être La Grande Illusion. Cette propriété historique en bord de lac est à la fois intime et classique, rendant hommage à l'héritage artistique de Genève, tout en embrassant aussi le côté contemporain de la ville. Un équilibre délicat, que Rochon a su élever au rang de marque de fabrique.
En effet, comme tout bon film, ce sont les détails minutieux qui composent la grande image, et dans l’univers de Rochon, ils doivent toujours être en lien avec leur environnement. À
L’un des plus grands défis dans la création de The Woodward, explique-t-il, a été de réinventer son édifice en calcaire de style post-haussmannien conçu en 1901 par l’architecte français François Durel pour l’adapter aux attentes d’un client moderne. « La structure manquait à l’origine de l’ouverture nécessaire à une expérience hôtelière contemporaine », affirme Rochon. La reconfiguration des intérieurs a permis de maximiser la lumière naturelle et de créer un agencement fluide et accueillant; l’ajout de mobilier sur mesure, d’œuvres d’art rares et d’une palette de couleurs raffinée a insufflé une nouvelle vie à ces espaces historiques.
Bien que Rochon soit surtout connu pour la conception d’hôtels luxueux comme
Lorsqu’il s’agit de résidences, Rochon considère que ses clients ont le droit de vivre chaque jour avec autant de confort et d’exception que dans l’un de ses hôtels : la maison devrait incarner le même équilibre entre familiarité, confort, émotion et créativité que le plus raffiné des penthouses. S’appuyant sur l’adage classique selon lequel la forme suit la fonction, il soutient que « chaque élément doit fonctionner en parfaite harmonie – de la fonctionnalité à l’architecture, en passant par les matériaux, le mobilier et l’art. Un design est réussi lorsqu’il semble naturel ».
Un bon exemple est la villa Art déco à Saint-Jean-Cap-Ferrat que Rochon a conçue dans des tons doux et crémeux de bleu, de vert et de jaune pour refléter le paysage méditerranéen ou bien une tour résidentielle moderne qu'il a conçu à Miami, avec des lignes sinueuses, des plafonds vertigineux et des kilomètres de marbre et de verre. Aussi unique que soit le style de chaque projet, ils résonnent toujours « sur le plan émotionnel », affirme-t-il.
L’approche de Rochon en matière de restaurants s’appuie sur le sens théâtral de son esprit de réalisateur. Son concept signature pour les restaurants L’Atelier de Joël Robuchon à travers le monde, par exemple, est le fruit d’une collaboration avec le défunt chef étoilé Michelin, visant à créer une expérience culinaire cinématographique, avec une cuisine ouverte aménagée comme une scène et des matériaux spectaculaires comme le laque noir. Même, et surtout, dans ce contexte, la fonctionnalité joue un rôle clé, non seulement pour les chefs (pour qui l’éclairage doit être parfaitement ajusté lorsqu’ils préparent le bœuf Wagyu ou la ballottine de lapin) mais aussi pour les convives : l’attention est toujours dirigée vers l’assiette, affirme Rochon.
Les restaurants primés de The Woodward, Auberge Resorts Collection, qui incluent L’Atelier de Joël Robuchon et Le Jardinier de The Bastion Collection, incarnent à bien des égards la synthèse parfaite de tous les principes directeurs de Rochon : pertinents sur le plan culturel, résolument hospitaliers, inspirés du cinéma et empreints d'un esprit résidentiel. Le Jardinier, en particulier, démontre comment la haute gastronomie étoilée Michelin peut allier confort et élégance, avec sa salle à manger vibrante, habillée de doux tons bleus et verts, qui s'ouvre sur une véranda bordée d'arbres surplombant le lac Léman : un lieu parfait pour passer un formidable et long après-midi.
Tout cela fait partie d’un scénario, pour ainsi dire, dont le langage soigneusement exécuté nous invite à voir et à vivre le monde d’une toute nouvelle manière. Sauf que, dans ce film, il n’y a pas de scène finale, pas de générique, pas de fin. « Le vrai luxe est intemporel, et cela passe notamment par la durabilité des créations », affirme Rochon. « Les intérieurs les plus réussis sont ceux qui racontent une histoire qui perdure au fil des générations ».
Recette du cocktail 'Adonis' au Woodward’s Bar 37
Ingrédients
2 oz de xérès fino
1 oz 9 de vermouth doux di Dante
1 oz de Marsala Superiore Florio
2 traits de bitters à l’orange
1 zeste d’orange
1 zeste de citron
Préparation
Ajouter tous les ingrédients dans un verre à mélange avec de la glace. Remuez vigoureusement pendant 10 à 15 secondes et filtrez dans un verre à cocktail.
Finitions
Décorez avec un zeste d’orange et de citron, en pressant d’abord les écorces au-dessus du verre pour en extraire les huiles.
Variante
Faites macérer 3,5 oz de vermouth avec quatre à cinq fraises dans un bain-marie à 140 °F pendant 2 heures, puis mélangez et filtrez avant d’utiliser la préparation dans le cocktail.